L’UE envisage de mettre en place une nouvelle réglementation obligeant les véhicules de plus de dix ans à passer un contrôle technique annuel. Cette proposition vise à améliorer la sécurité routière, réduire les émissions polluantes et lutter contre les fraudes, telles que la manipulation du compteur kilométrique. En Allemagne, ce projet suscite une levée de boucliers parmi les responsables politiques, les associations et les clubs automobiles.

Objectifs et contenu de la mesure européenne

La Commission Européenne affirme que la nouvelle réglementation pourrait conduire à une diminution de 1 % des accidents de la circulation. Les véhicules plus anciens sont souvent jugés plus susceptibles de présenter des défaillances techniques, d’être impliqués dans des accidents et de produire davantage d’émissions polluantes. En plus du contrôle technique annuel, d’autres mesures sont proposées, comme l’introduction de systèmes de numérisation des immatriculations et une meilleure collaboration entre les États membres pour prévenir les manipulations frauduleuses des compteurs.

Le commissaire européen à la mobilité, Apostolos Tzitzikostas, souligne que cette initiative s’inscrit dans un effort plus large de l’UE pour réduire de 50 % le nombre de décès et de blessés graves sur les routes d’ici 2030.

Réactions politiques en Allemagne

En Allemagne, cette initiative a suscité de fortes critiques politiques. Le député européen Markus Ferber (CSU) a déclaré : « Avant d’imposer de nouvelles charges aux citoyens, nous devons d’abord vérifier si les règles existantes ne suffisent pas. La bureaucratie et les coûts ne doivent pas être augmentés inutilement ».

Jens Gieseke (CDU), porte-parole en matière de transport au Parlement européen, partage cet avis, considérant la proposition comme disproportionnée et pénalisante pour les propriétaires de voitures anciennes mais bien entretenues. Christian Bernreiter, ministre bavarois des Transports (CSU), a été encore plus sévère : « Cette obligation annuelle de contrôle technique pour les voitures anciennes est un exemple de la surcharge bureaucratique que l’UE impose aux citoyens ».

Opposition des clubs automobiles

Le Zentralverband Deutsches Kraftfahrzeuggewerbe (ZDK) et le plus grand club automobile d’Allemagne, l’ADAC, se sont également opposés à cette proposition. Selon Detlef Peter Grün, vice-président du ZDK, ce n’est pas la fréquence du contrôle technique qui compte, mais la qualité et la rigueur des inspections. Il souligne que les coûts pour les automobilistes sont déjà élevés et qu’une telle mesure ne ferait qu’alourdir les dépenses des ménages.

L’ADAC, de son côté, met en garde contre les conséquences sociales d’une telle réforme, déclarant : « Nous voyons d’un œil critique la nécessité d’un contrôle technique annuel pour les véhicules anciens en Allemagne. Le système actuel a prouvé son efficacité ». Le club de l’Automobile Club d’Allemagne (AvD) exprime également sa désapprobation, soulignant que les voitures anciennes ne causent pas plus de pannes que les véhicules plus récents.

Conséquences et perspectives

Actuellement, en Allemagne, les voitures passent un contrôle technique tous les deux ans après une première inspection trois ans après leur mise en circulation. D’autres pays européens ont déjà mis en place des intervalles de contrôle plus courts pour les véhicules anciens. Une proposition européenne de contrôle technique annuel nécessiterait une révision des pratiques allemandes.

Reste à voir si cette proposition de l’UE, qui doit encore être approuvée par le Parlement européen et le Conseil des États membres, sera adoptée telle quelle. Elle pourrait subir des modifications ou même être rejetée. En attendant, le débat reste vif et met en lumière les tensions entre priorités réglementaires européennes et réalités nationales.

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