À mesure que le monde cherche des solutions énergétiques durables, l’hydrogène est souvent cité comme le prochain grand paradigme énergétique. Cependant, selon le professeur Richard Hanke-Rauschenbach, spécialiste de l’hydrogène depuis deux décennies, l’idée que l’hydrogène pourrait jouer un rôle central dans l’automobile est une idée fausse. Ses recherches, centrées à l’université de Hanovre, couvrent l’électrolyse de l’hydrogène et les systèmes de stockage d’énergie, offrant une perspective informée sur la pertinence de l’hydrogène dans le paysage énergétique moderne.

Une Énergie de Transition ou de Destination ?

L’hydrogène, souvent présenté comme un carburant d’avenir propre, n’est pas une source d’énergie en soi, mais un vecteur. Il est principalement produit à partir d’électricité renouvelable, comme le souligne Hanke-Rauschenbach. En adoptant cette vision, l’hydrogène semble moins efficace pour des applications où l’électricité directe est possible, notamment dans le domaine des véhicules électriques.

Le processus pour utiliser l’hydrogène dans les voitures est indirect et comprend plusieurs étapes inefficaces : production d’hydrogène par électrolyse, transport jusqu’à la station-service et conversion en électricité pour alimenter le moteur. Comparativement, les véhicules électriques à batterie amènent directement l’électricité du réseau au véhicule, réduisant ainsi les pertes énergétiques associées à l’hydrogène.

L’Hydrogène pour les Cas d’Usage Spécifiques

Pour Hanke-Rauschenbach, l’hydrogène a un rôle crucial à jouer dans les secteurs où l’électrification directe est impossible ou inefficace. Cela inclut les transports à longue distance tels que l’aviation, le transport maritime et certains segments du ferroviaire où la densité énergétique et la capacité de stockage des batteries sont insuffisantes.

L’expert précise que bien que le transport terrestre de passagers puisse s’adapter aux batteries, d’autres industries nécessitant des températures très élevées, comme la métallurgie ou la verrerie, ne trouveront pas d’alternative pratique à l’hydrogène pour atteindre les niveaux de chaleur nécessaires.

Impact Économique et Environnemental

Malgré ses promesses pour certaines applications industrielles, l’hydrogène reste une alternative coûteuse par rapport aux technologies électriques établies. Hanke-Rauschenbach remarque que la chaine énergétique de l’hydrogène est associée à des coûts plus élevés dus à ses faibles rendements énergétiques.

Dans le secteur du chauffage, par exemple, il juge l’usage de l’hydrogène économiquement non viable, comparé à d’autres solutions comme les pompes à chaleur qui utilisent une énergie renouvelable de manière beaucoup plus efficace. Selon lui, une unité d’électricité utilisée par une pompe à chaleur peut produire jusqu’à trois unités de chaleur en utilisant la chaleur ambiante, positionnant ce système bien en avant par rapport à l’hydrogène.

Bien que les stratégies nationales d’hydrogène soient en développement pour favoriser une économie d’hydrogène, Hanke-Rauschenbach nous rappelle qu’il est impératif de se concentrer sur les cas d’utilisation spécifiques où l’hydrogène est vraiment nécessaire, pour éviter des dépenses inutiles et maximiser les bénéfices environnementaux et économiques.

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